Dernières chroniques

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vendredi 31 octobre 2014

Othello, William Shakespeare


Héros à l'esprit guerrier jusque dans son discours amoureux, séducteur, maniant à la perfection le paradoxe et jouant à merveille sur l'ambiguïté des mots, Othello, Maure de Venise, se sert du langage comme d'une épée. Sa gloire suscite diverses réactions : Roderigo méprise "l'homme aux grosses lèvres", Désdémone est séduite par le récit de ses exploits en terres lointaines, qui fourmille d'évocations exotiques. Iago, lui, hait Othello.



Mon avis :

Il s’agit d’une relecture, j’adore Shakespeare et Othello avait été un coup de cœur la première fois. Ça l’a été de nouveau !



D’abord à cause de l’auteur : même si ce n’est qu’une traduction, on garde toute la poésie inhérente au style de Shakespeare. Sous sa plume, les mots chantent, je ne peux pas le dire autrement.


Mais c’est également à cause de l’histoire, elle est tout simplement magnifique. C’est une série de manipulations qui auraient pu être évitées si l’un ou l’autre des personnages avait agi différemment. C’est là tout le drame, il y a de nombreuses occasions pour que le plan de Iago rate mais il réussit et cela conduit à un dénouement tragique. Jusqu’au bout, on se dit que ce n’est pas possible, qu’une telle fin n’est pas envisageable et on attend un retournement de situation. Sauf que c’est une tragédie…


Ce qu’il y a de très fort aussi, ce sont les sentiments des personnages. On les ressent à travers les mots et jamais on ne doute de la haine de Iago, de la jalousie d’Othello ou de l’amour de Desdemona. C’est ce qui rend cette pièce de théâtre vraiment belle : la puissance qu’elle dégage.



lundi 27 octobre 2014

Sexy No, Rose Darcy


Elle ne rentre pas dans un jean slim en taille 34. Elle ne fait pas la couverture du dernier numéro de Vanity Fair. Elle n'est pas le centre du monde, même si elle aimerait ! Elle n'est pas l'un de ces top modèles qui défilent pour Victoria's Secret. Elle n'est la muse d'aucun créateur, ni l'égérie de Dior, même si elle adorerait. Elle n'est pas l'objet de tous les fantasmes et il n'y a pas des milliers de gens qui s'endorment en rêvant d'elle. Elle n'est pas la femme que tout homme désire. Non, elle n'est pas tout ça. Et peu importe ! Parce qu'il y a bien une chose qu'elle est. Elle est... elle. No. Et vous allez adorer ses imperfections au point de tomber amoureux d'elle. Vous êtes prévenus !



Mon avis :

J’adore Rose Darcy et c’est toujours sans appréhension que je me lance dans la lecture d’une nouvelle qu’elle a écrite. Pourquoi ? Parce que sa plume me touche, tout simplement. Une part de moi se reconnaît dans ce que ressentent les héroïnes. C’est encore le cas avec No. Ses complexes sont aussi les miens, même si j’ai bien plus de rondeurs qu’elle. Et quand elle parle de Greg et de l’effet qu’il lui fait, j’ai eu l’impression que j’aurais pu l’écrire tellement c’est proche de ce que je ressens vis-à-vis de mon homme. Sauf que moi, je ne sais pas l’exprimer. Donc quand je lis ce que No raconte, j’ai l’impression de sentir de l’amour, de la joie, des doutes et des souffrances derrière les mots et ça me touche énormément. Les mots de l’auteure font ressentir de belles émotions. 


De plus, No est une héroïne très attachante, surtout parce qu’elle est drôle, j’adorerais avoir une amie comme elle. On ne s’ennuie pas une seule seconde dans l’histoire, on ressent parfaitement l’ambiance de folie qui règne autour de No. Sauf dans les moments les plus intimes où elle se dévoile, là où on découvre ce qui se cache au fond d’elle. On a presque envie d’entrer dans le livre pour la réconforter tellement on sent sa peine. C'est une nouvelle très émouvante, avec une petite touche de folie. 

C’est toujours une farandole de sentiments à la lecture, j’adore ! Juste un petit mot à l’auteure : c’est abusé la scène dans le placard, j’étais dégoûtée :P



dimanche 26 octobre 2014

In My Mailbox (57)



In My Mailbox a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog  Pop Culture Junkie. C’est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque.




Je suis tombée par hasard sur le deuxième tome de La dernière terre en librairie et ayant plus qu'adoré le premier, je n'ai pas pu résister. J'ai aussi complété ma collection Agatha Christie, profitant des achats en occasion.


vendredi 24 octobre 2014

La voix des rois (Les Haut-Conteurs, tome 1), Olivier Peru


Au XIIe siècle, les Haut-Conteurs, prestigieux aventuriers et troubadours portant la cape pourpre, parcourent les royaumes d'Europe en quête de mystères à éclaircir, d'histoires à collecter et à raconter. Leur quotidien se nourrit de la vérité cachée derrière la rumeur, les superstitions et les légendes. Ceux qui ont la chance de les entendre s'en souviennent toute leur vie. Les Conteurs possèdent la voix des rois, une voix dont ils usent comme d'un instrument magique. Mais ces éblouissants vagabonds ne chassent pas que des frissons. Dans le secret, ils recherchent les pages disparues d'un livre obscur, un ouvrage vieux comme le monde que certains croient écrit par le diable en personne. Et ce livre, Roland un fils d'aubergiste que rien ne destine à l'aventure, pourrait bien en percer l'énigme. Car à treize ans, il devient le plus jeune garçon à poser la cape pourpre sur ses épaules et il semble tout désigné pour devenir le héros d'une grande histoire, une histoire de Haut-Conteur...



Mon avis :


Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre quand j’ai ouvert ce livre et je me suis laissé emporter. J’ai beaucoup aimé le cadre : le mélange entre Angleterre médiévale et univers fantasy parait naturel. Le lien se fait par les conteurs et cette fonction semble d’abord tellement inaccessible qu’elle met une distance entre les créatures et les humains. Cela se voit avec Robert, l’aubergiste, qui croit assez peu aux goules et qui pense d’abord à faire tourner son auberge avant de se préoccuper de ce qui peut bien roder dehors. Mais quand les conteurs s’en mêlent, les deux univers se lient et ça fonctionne, on y croit. 


J’ai tout de suite apprécié les personnages et je me suis attachée à eux, particulièrement à Roland. Il est courageux mais connait aussi des moments de faiblesses. Il est peut être parfois trop adulte pour un gamin de 13 ans mais pour l’époque, ce n’est pas si surprenant que ça. Il y a aussi Mathilde. C’est principalement à travers elle qu’on découvre les hauts conteurs, ce qu’ils cherchent et ce qu’ils sont capables de faire. On rencontre d’autres conteurs mais j’ai surtout aimé Ruppert, car il m’a beaucoup amusée. 


Tout l’univers et les mystères qui les entourent sont très intéressants ; même si les énigmes du livre ne m’ont pas paru si complexes, elles sont bien construites. Au moins, on les comprend relativement facilement. Le récit est bien rythmé, on alterne moments d’investigations et moments d’action. Il y a toujours des questions en suspens, même si on avance dans la résolution de l’énigme. Certains événements m’ont surprise, d’autres je les ai vus venir de loin mais dans l’ensemble, j’ai été tenue en haleine. Les créatures qui apparaissent dans ce roman, les goules et l’upyr, sont entourées d’une mythologie bien construite. Elle n’a rien de bien original, elle reprend des idées déjà utilisées ailleurs, mais elle s’intègre parfaitement à l’histoire et au vécu des personnages. 


Pour parler du style, c’est bien écrit et facile à lire. J’ai dévoré les pages rapidement, déjà parce que j’étais très intéressée mais aussi parce que la lecture est fluide. C’est un excellent premier tome dont le dénouement m’a ravie parce qu’il promet d’autres aventures intéressantes.



jeudi 23 octobre 2014

La joie du bonheur d'être heureux, Pascal Fioretto


Aimée, jeune femme moderne abonnée à « Psychologiques Magazine», décide de faire du neuf pour devenir enfin soi-même en beaucoup mieux. 

Mais par où commencer ? Au fil de son parcours initiatique sur le grand marché du bonheur, Aimée va apprendre à abreuver ses brebis intimes avec Poalo Culao, découvrir pourquoi les hommes mangent des mars et les femmes du bifidus, recompter son numéroscope, changer son style de management, sauver son âme par l’écriture, mourir lentement grâce aux médecines douces, s’initier à la cuisine résiliente de Boris Cytuldik, rééquilibrer son Qi par les Omégas 3, gagner l’estime de son soi, s’allonger avec Jack Slalomé, faire le saut de l’ange dans l’Eglise de Chientologie… 




Mon avis :


J’avoue, c’est l’écureuil sur la couverture qui m’a décidée à acheter ce roman, ça et le résumé qui laissait présager une histoire ironique ou sarcastique.


Je ne sais finalement pas trop quoi en penser. Ca n’est pas difficile à lire, on ne s’ennuie pas et c’est bien raconté. Mais le « problème », c’est l’héroïne que j’ai eu envie de baffer régulièrement avec l’idée que ma réaction devant son comportement était saine. Je m’explique (en tout cas, je vais essayer). C’est le genre de femme qui croit à son horoscope et qui fait coïncider les événements avec ce qui est écrit, se faisant convaincre que Mme Soleil (ou autre nom de ce genre) sait tout et a toujours raison. Et ça s’enchaîne : la numérologie, le gourou de machin, le prophète de truc, le médecin de cela,… Elle croit à tout et sa vie devient un massacre ; elle fait des choix idiots pour des raisons encore plus idiotes, y laissant tout (travail, relations, argent, …). Cette fille est la naïveté incarnée et elle finit par aller très loin. Mais en tant que lecteur, on ne peut que se rendre qu’elle se fait manipuler car rien n’est fait pour rendre les profiteurs convaincants. Donc je pense que c’est sain de vouloir la secouer et lui coller des baffes.


Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé mais il s’agit de sujets graves (il est question de secte à un certain moment) et c’est traité moitié sérieusement moitié avec humour. J’aurais préféré que ce soit l’un ou l’autre car j’ai été souvent mal à l’aise avec ce qui se passait et je ne suis pas sure que le « message » passe correctement. Je l’ai lu trop vite pour être vraiment mal mais je trouve que ce livre manque d’humour. L’héroïne dérange par sa naïveté mais sans vraiment amuser, mais elle fait quand même un peu rire dans certaines situations ridicules… Elle raconte son histoire mais sans recul, il manque clairement un regard réfléchi sur les situations qu’il soit grave ou humoristique. Le sujet est bien traité puisque l’héroïne s’enfonce progressivement en se soumettant à pire influence à chaque fois mais ce n’est pas bien dosé dans la façon de présenter les événements.



lundi 20 octobre 2014

Le bal de la victoire, Agatha Christie


Ladies richissimes, jolies intrigantes et danseuses célèbres ; puissants industriels, princes étrangers et membres du gouvernement Voilà le monde que côtoie Hercule Poirot. Car il ne veut s occuper que d affaires extraordinaires, scandaleuses, délicates ; de crimes à la hauteur de son incomparable intelligence. Et tandis qu à Scotland Yard les infortunés inspecteurs battent la campagne à la recherche d empreintes de pas ou de mégots de cigarettes, Poirot s installe dans son fauteuil où, une tasse de chocolat fumant à la main, il pense. Et comme par magie, le mystère s éclaircit. C'est cela, le génie !



Mon avis :


L’affaire du bal de la victoire : Une nouvelle vraiment sympathique où Hercule Poirot montre à nouveau tout son talent. Même avec le format nouvelle, assez d’indices sont donnés pour qu’on trouve la solution, si on se donne la peine de chercher. Après avoir lu un bon nombre de romans et nouvelles de l’auteure, certains réponses sautent aux mais ça ne gâche en rien le plaisir.


L’aventure de la cuisinière de Clapham : C’est une affaire qui part d’un rien mais qui devient vraiment intéressante. Là, comme Hastings, j’ai laissé Hercule Poirot tout expliquer parce que je m’y étais perdue. Mais c’est vraiment une enquête surprenante.


Le mystère des Cornouailles : Je crois l’avoir vue à la télévision donc j’ai su assez vite ce que cachaient certains personnages. Cela n’enlève rien au charme de l’enquête dans laquelle Poirot montre son talent. C’était là encore intéressant à suivre.


L’enlèvement de Johnnie Waverly : J’apprécie qu’Hercule Poirot ne travaille pas toujours avec la police et qu’il ait sa propre manière de régler les choses. C’est le cas ici et les indices qu’il lâche permettent quelques suppositions au lecteur.


Le double indice : Déjà lu et chroniqué ici.


Le roi de trèfle : Je l’ai déjà vu à la télévision également, comme quoi, même avec une nouvelle, il y a assez de matière pour un épisode. Poirot montre encore que les détails ont leur important qu’à partir de là, on eut comprendre ce qui ne cadre pas dans une histoire. Toujours aussi intéressant de suivre le détective.


La succession Lemesurier : J’ai particulièrement aimé la fin, parce qu’elle apporte une nouvelle question et parce que ça apporte du crédit à une sorte de malédiction. C’est une bonne chose que même l’intervention de Poirot ne suffise pas à tout remettre en cause, même si il résout l’affaire, parce qu’un autre élément s’en mêle. C’était original.


L’express de Plymouth : Je reconnais la même histoire que celle du « Train bleu » dans cette nouvelle. Donc j’ai passé ma lecture à essayer de comparer plutôt qu’à profiter. Mais c’est aussi une enquête intéressante quand on ne la connaît pas.


Les plans du sous-marin : Une nouvelle connue via la télévision aussi et peu de choses changent entre les deux versions. Pas d’effet de surprise donc mais on y reconnaît facilement les « trucs » de l’auteure et les résolutions qu’elle aime. C’est dommage que je connaisse déjà l’histoire sinon je pense que je me serais fait avoir.


L’appartement du 3ème : Encore une nouvelle vue à la télévision, plusieurs fois même. Mais je ne me souvenais plus comment Poirot arrivait à la conclusion de l’affaire et je n’ai pas su retrouver le moyen. Je n’ai encore une fois pas fait assez attention à des détails. Poirot se montre aussi impressionnant que d’habitude et j’aime beaucoup cette histoire car, comme souvent, le coupable ne se cache pas loin.



Double pêché : Arrivé à ce niveau du recueil, on commence à reconnaître certains procédés des criminels. Pourtant, je n’ai pas trouvé de suite la solution, je me suis fait en partie menée en bateau. Et j’aime ça, ça veut dire que l’auteure gère bien le déroulé de son enquête car au final, tous les indices sont là et on peut trouver la solution.


Le mystère de Market Basing : La présence de l’inspecteur Japp est agréable : sans être idiot, il a une vision différente d’Hercule Poirot, ce qui l’empêche d’arriver à la solution, et il est sympathique. Là encore, il est facile de passer à côté de l’explication de l’énigme alors que Poirot soulève tout ce qui est important. Encore une enquête bien menée et une fin surprenante.


Le guêpier : Déjà lu et chroniqué ici.


Enigme en mer : Une énigme assez corsée pour laquelle je n’ai rien deviné. Cette fois ci, c’est plus la connaissance de la nature humaine de Poirot qui permet la résolution que son attention aux détails.


Comment poussent vos fleurs ? : J’ai raté le détail important et je me suis laissé guider. C’est aussi bien ficelé que les autres histoires, je n’ai vraiment rien à reprocher à l’auteure !



dimanche 19 octobre 2014

In My Mailbox (56)



In My Mailbox a été mis en place par Kristi du blog The Story Siren et inspiré par Alea du blog  Pop Culture Junkie. C’est un moyen de partager les livres reçus chaque semaine dans notre boîte aux lettres ainsi que les livres achetés ou empruntés à la bibliothèque.




Je ne pouvais pas passer à côté du tome 2 de La petite mort, que j'adore. Même si certaines blagues rasent le niveau des pâquerettes, d'autres sont vraiment sympas et j'aime le style général. J'ai aussi pris un autre livre sur Napoléon, je pense qu'avec celui là, j'ai assez pour être bien documentée sur le sujet.



Il y a une librairie d'occasion près de chez moi et en cherchant les pièces de Racine qui me manquent, j'ai trouvé ce roman sur l'Egypte. C'est classé en jeunesse mais ça a l'air vraiment pas mal.


vendredi 17 octobre 2014

Mémoires d'une femme de ménage, Isaure & Bertrand Ferrier


« Ce livre raconte comment je suis devenue votre ombre. Celle qui effleure la surface des objets et rend présentable l'inavouable. Celle qui ouvre les tiroirs, connaît l'envers de vos vies mais file, discrète, à la fin de la journée. Celle qui ne parle pas, prend son chèque et vous remercie. »A trente ans, Isaure, fatiguée de l'université, renonce à soutenir sa thèse en Sorbonne. Par goût du propre, elle devient femme de ménage et découvre l'envers du décor. Un an plus tard, elle raconte.



Mon avis :

Plus qu’une histoire, ce roman est une réflexion sur une profession, celle de femme de ménage, mais aussi sur les gens. Car ce qu’Isaure nous raconte, ce sont les différentes expériences qu’elle a vécues.


Ces expériences sont variées : Isaure travaille chez des gens aisés et chez d’autres qui le sont moins, chez des gens sympathiques et chez des gens détestables. C’est donc toute une brochette de personnalités que nous découvrons à travers le regard d’Isaure sur leur logement. Et il y a de quoi parler… Je ne peux pas vous redonner tous les exemples fournis, ils sont bien trop nombreux et surtout, je n’ai pas le talent de la narratrice pour raconter les choses. Car elle ne se contente pas de décrire, elle analyse. Et c’est toujours très piquant, très réfléchi mais ça peut être drôle ou triste. Comme avec ses « amis » qui finissent par ne plus voir que la femme de ménage pour finalement ne plus la voir du tout. J’ai trouvé ça très triste, et j’ai eu le sentiment qu’au fil du roman, on perdait de l’enthousiasme, comme Isaure qui voudrait qu’on la laisse rendre les endroits beaux et qui finit par ne plus faire que le strict minimum pour que ça soit propre. Parce qu’elle est découragée, tout simplement, alors qu’au départ, elle avait choisi ce métier. C’est vraiment un panorama très intéressant sur la nature humaine, même s’il n’est pas très joli…


J’ai aimé le ton du roman, c’est un peu comme regarder une télé-réalité : on en apprend beaucoup sur la nature humaine, on s’interroge sur sa propre attitude, ce qui peut nous amener à douter du comportement qu’on a nous-mêmes dans certaines situations. Et la réponse n’est pas forcément celle qu’on voudrait… Le gros point positif de ce roman, c’est l’originalité. Isaure ne fait pas que raconter, elle met ses propos en forme avec, par exemple, un abécédaire qui reprend ce qu’elle a vécu. Mais il y a aussi sa franchise. Sans jamais se plaindre, elle ne fait aucun cadeau à ceux chez qui elle travaille. Ce qui, en plus de conduire à des descriptions piquantes, donne lieu à des commentaires plutôt mordants.


J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui en plus d’être amusante m’a amenée à réfléchir à certains sujets.



dimanche 12 octobre 2014

Les indomptées, Nathalie Bauer


Au bord de la ruine, deux soeurs, Noélie et Julienne, et leur cousine Gabrielle essaient désespérément de sauver le domaine familial. Leur âge avancé ne leur offrant pas beaucoup de chances d'y parvenir, Noélie décide d'écrire un roman sur sa famille, dans le fol et naïf espoir d'un succès. Entre présent et passé se déroule donc la saga des Randan, propriétaires terriens aveyronnais dont le destin épouse les circonvolutions du XXe siècle : le massacre de la Grande Guerre, la difficile reconstruction et la crise. Rêves de richesse, d'amour ou d'émancipation se réalisent chez les uns, échouent chez les autres. 
Alors que Noélie est à l'oeuvre, les trois femmes acceptent d'héberger leur nièce Zoé, sans imaginer que cette fille de vingt-quatre ans, dépressive, alcoolique et un brin nymphomane, va bouleverser leur existence.



Mon avis :


Ce roman a la particularité de raconter deux histoires : une qui se passe au présent et qui tourne autour des problèmes de trois femmes ayant hérité de la maison familiale et une qui se déroule dans le passé qui a fait de ces trois femmes ce qu’elles sont. Le texte est accompagné de photos retrouvées par l’auteure (si je me souviens bien).


Si l’histoire du présent ne m’a pas captivée, j’ai adoré celle du passé. C’est une histoire de famille avec tout ce qu’il peut y avoir de secrets, de rancœur, d’amour, de joies et de peines puisqu’en plus des conflits habituels, on trouve aussi les marques laissées par la guerre. A côté de ça, les problèmes d’argent et de conscience des héroïnes du présent font pâle figure. J’ai même trouvé ces passages très ennuyeux. Jusqu’à l’arrivée de Zoé, une jeune fille avec pas mal de problèmes dans sa tête. Elle apporte un nouveau souffle au récit et une personnalité qui intrigue.
J’ai tout de même préféré les personnages du passé, au moment où la famille était encore unie autour d’une matriarche intransigeante. Dans cet univers où chacun peine à trouver sa place, elle est LE point de repère, le pilier de la famille. Rôle qu’elle exerce avec brio. Ce fut un de mes personnages préférés, la deuxième étant Madeleine, jeune fille rêveuse attachée à la terre qui l’a vue grandir. Son histoire est belle et touchante, même si comme les autres elle est abimée par la guerre. Car cette guerre de 14-18, sans qu’on la vive sur le front, atteint tout le monde, même ceux qui sont restés derrière. Elle ébranle les fondations de la famille et après son passage, rien n’est plus comme avant. L’histoire de cette famille n’est pas extraordinaire mais elle est « vraie » et c’est ce qui m’a touchée. C’est comme si je m’étais assise sur un banc à côté d’une vieille tante qui me racontait l’histoire de la famille. Car on y croit, les personnages sont plus vrais que nature, ils sont tellement « réels » que je ne peux m’empêcher de croire qu’ils ont existé quelque part.


Le seul point négatif de ce roman se situe au niveau de la forme : les phrases sont très très très longues, au point qu’arrivée à la fin, je ne savais plus de qui ou de quoi on parlait. J’ai donc dû lire certains passages plusieurs fois pour les comprendre et encore, à certains moments je n’ai même pas réussi. C’est dommage car c’est ce qui m’empêche de le considérer comme un coup de cœur, malgré la richesse en ce qui concerne les personnages.



Le dernier tango de Kees Van Dongen, François Bott


Entouré de jeunes et jolies infirmières, Van Dongen vit ses derniers jours à Monaco en mai 1968. Atteint, entre autres, de la maladie de Parkinson, il n'aura pas le loisir de les déshabiller, de les peindre et de les aimer. Alors il se souvient et reviennent sur ses lèvres ses conquêtes féminines, ses amis Picasso, Max Jacob, Arthur Cravan. 

Cette confession imaginaire est un enchantement perpétuel. Une valse folle dont on voudrait ralentir le rythme pour ne pas arriver à la dernière page. C'est aussi un hymne à la vie, à l'amour, aux femmes et à leur corps.



Mon avis :


C’est un roman qui mélange habilement passé et présent en racontant des souvenirs comme n’importe qui pourrait le faire au crépuscule de sa vie. Mais là, il s’agit d’un artiste et c’est donc aussi un hommage à l’art.

J’ai trouvé le mélange passé/présent très bien géré. On ne s’y perd jamais et on a vraiment l’impression de plonger dans la vie d’un artiste, dans des souvenirs d’une grande richesse. C’est passionnant, entrainant et réaliste. On y croit complètement, on visite une autre époque et une autre style de vie.

C’est un bel hommage à l’art que ce livre, on plonge vraiment dans cet univers et on découvre de nombreuses choses intéressantes. J’ai tout simplement adoré ce livre.




Le ravissement des innocents,Taiye Selasi


C'est l'histoire d'une famille, des ruptures et déchirements qui se produisent en son sein, et des efforts déployés par chacun pour ?uvrer à la réconciliation. En l'espace d'une soirée, la vie sereine de la famille Sai s'écroule : Kwaku, le père, un chirurgien ghanéen extrêmement respecté aux États-Unis, subit une injustice professionnelle criante. Ne pouvant assumer cette humiliation, il abandonne Folá, sa ravissante épouse nigériane, et leurs quatre enfants. Dorénavant, Olu, leur fils aîné, n'aura d'autre but que de vivre la vie que son père aurait dû avoir. Les jumeaux, la belle Taiwo et son frère Kehinde, l'artiste renommé, verront leur adolescence bouleversée par une tragédie qui les hantera longtemps après les faits. Sadie, la petite dernière, jalouse l'ensemble de sa fratrie. Mais l'irruption d'un nouveau drame les oblige tous à se remettre en question.



Mon avis :

J’ai vraiment eu du mal avec ce roman. C’est l’histoire d’une famille détruite dont chaque membre essaie de se reconstruire plus ou moins loin des autres. Seulement quand on n’arrive pas à s’attacher aux personnages, on s’ennuie. Pourtant, niveau traumatismes, il y a de quoi faire. Je vais éviter de spoiler parce que la découverte de ce qui est arrivé à chaque membre de la famille est un moment fort ou en tout cas, ça devrait l’être.


Ca n’a pas fonctionné avec moi et ce qui aurait dû être une lecture émouvante et prenante s’est révélée être incroyablement plate. Le seul personnage à m’avoir un peu touchée, c’est le père. J’ignore pourquoi mais c’est le seul à être assez crédible, assez « vivant » pour que je crois à son histoire, que je m’attache à lui alors que c’est un enfoiré (ou pas loin). Ce n’est pas ce qui se passe avec les autres alors qu’ils ont une personnalité beaucoup plus riche, parce que ça ne prend pas, tout simplement. Je n’y ai pas cru donc je ne me suis pas attachée à eux donc je me suis ennuyée.


Pourtant, le roman n’est pas mauvais du tout. L’histoire de famille est bien construite, elle s’articule autour d’un événement central qui rassemble souvent tout le monde dans une famille (l’occasion de revoir ceux qu’on n’a pas vus depuis des années) mais qui fait resurgir les fantômes du passé. On remonte aux origines pour les uns, on affronte des traumatismes pour d’autres. Il y a énormément de sentiments et de réactions qui peuvent être provoqués par ce récit mais pas pour moi.



mardi 7 octobre 2014

Morsure de sang froid (Les vampires de Chicago, tome 6), Chloe Neill


Road trip à hauts risques !

Lorsqu’un surnaturel décide de s’emparer d’un ancien artefact détenant le pouvoir de libérer le mal et de dévaster le monde, c’est Merit qui se lance à sa poursuite. Mais la jeune vampire est elle-même traquée. L’un de ses ennemis est bien déterminé lui aussi à mettre la main sur le précieux trésor. Dans ce combat, pas de pitié. Pas de règles. Aucune vie ne sera épargnée. La chasse est ouverte.



Mon avis : 

J'avais été un peu déçue par le tome précédent et je dois avouer que celui-ci, sans être pire, n'est pas mieux non plus.


Commençons par le positif : c'est toujours aussi bien écrit et bien rythmé. L'histoire ne souffre d'aucun temps mort, questions et révélations s'enchaînent vraiment très bien. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant cette lecture. Ce que j'ai apprécié également, c'est l'importance donnée par l'histoire à la politique vampirique. C'est vraiment un gros point fort de cette série et l'auteure s'y tient. Vu ce qui se passe dans ce tome, la suite devrait être intéressante.


Maintenant, passons au négatif... Le plus gros problème c'est Merit. C'est vraiment une héroïne sympathique et intéressante mais elle écrase tout le monde dans l'histoire. Elle sait tout, fait tout et ne laisse presque aucune place aux autres personnages. Quand il y a une énigme à résoudre, c'est toujours elle qui comprend alors qu'il y a des mages et des vampires expérimentés dans la pièce. Elle a réponse à tout et domine toutes les situations, ça en devient même ridicule. Quand elle se met à mieux comprendre la magie et les sorts que les mages eux-mêmes (au passage l'archiviste de l'ordre ne sert pas à grand chose) ou à donner des conseils en politique (son attitude "rebelle" face à Darius n'est pas vraiment pas convaincante), j'ai cru que j'allais sauter au plafond. Les personnages secondaires sont de simples figurants, même ceux qui avaient une place importante, donnant des indices et des indications à Merit pour qu'elle résolve tous les problèmes. Les liens qui existent entre eux et Merit sont donc peu compréhensibles car elle prend beaucoup trop de place dans chacune des relations.


Je suis assez mitigée sur les ennemis. Le grand danger du début du roman est trop vite réglé alors qu'on nous présentait ça comme quelque chose de presque impossible à affronter. Idem pour l'ennemi de ce tome, il est hyper puissant mais assez facilement battu (ce qui est commun à beaucoup de livres de bit lit, il faut l'avouer). En lien avec ça, je trouve que l'auteure part un peu dans son délire avec les créatures magiques (Todd est bien sympathique mais bon...).


Ce n'est pas sans plaisir que j'ai lu ce livre mais j'ai fini par ne plus supporter Merit et son "amour" pour Chicago dont le nom revient trop souvent à mon goût.




Publié le 18 février 2013

Morsures en eaux troubles (Les vampires de Chicago, tome 5), Chloe Neill


Avec la multiplication des manifestations contre les vampires et la ville qui menace d’adopter une loi sur le fichage des surnaturels, les temps n’ont jamais été aussi durs pour les créatures à crocs. Mais lorsqu’un sort fait virer au noir absolu le lac Michigan, la situation risque de dégénérer totalement. Merit doit mener l’enquête pour découvrir l’identité du responsable et l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, pour les vampires comme pour les humains.



Mon avis :

C'est une saga que j'ai failli ne jamais lire car le résumé et la couverture du tome 1 ne m'attiraient pas. J'ai finalement suivi les avis du forum Milady et j'ai adoré. Mais les couvertures sont de pire en pire, le fantasme écolière japonaise, j'ai vraiment du mal. Si le premier tome était génial, on a ensuite une Merit beaucoup trop douée. Je veux bien que la transformation fasse d'elle une bonne guerrière mais au niveau politique, elle en vient à être meilleure que des vampires qui font ça depuis des centaines d'années. Elle agit aussi trop souvent seule, il y a des gardes à Cadogan mais c'est toujours Merit qui fait tout. La fin du tome 4 était explosive mais beaucoup trop rapide alors j'avais hâte de connaître la suite.



J'ai vraiment accroché à l'intrigue, à toutes ces nouvelles créatures et à toutes les révélations sur la magie. On en apprend pas mal, ce qui devrait rendre l'univers plus complexe, mais on passe finalement trop vite dessus ou alors c'est parce que tout se centre sur Merit qui n'est pas magicienne. Elle ne vit donc pas vraiment tout ça. Je ne sais pas trop comment exprimer ça mais malgré tous les nouveaux personnages et les nouvelles informations, le monde de Merit ne semble pas changer plus que ça. Et je trouve qu'elle ne réfléchit pas au bon moment, elle se pose des questions quand il faut agir et ne le fait pas à propos de ses sentiments. Elle est aussi beaucoup trop isolée, dans le sens où les relations avec les autres sont assez faibles. Elle est très amie avec Lindsey mais ça ne se voit pas et surtout, ça ne se ressent pas dans le récit. Jonah est très présent dans ce tome et il a, selon moi, trop peu de charisme et pareil que pour Lindsey, je n'ai vu aucune profondeur dans sa relation avec Merit.




J'ai eu un gros souci avec les personnages de Franck et Diane Kowalczyk. Ils sont tout simplement trop cons. C'est tellement poussé à l'extrême que ça en devient peu crédible. Il est dit parfois qu'ils font leurs conneries (il n'y a pas d'autres mot pour parler de l'épreuve sur les morceaux de bois) car ils croient que c'est la bonne chose à faire, mais c'est démenti par les lueurs de triomphe dans leurs regards. Ils sont donc juste bêtement méchants et n'ont aucune conviction. J'ai horreur de ce genre de personnages, tellement bourrés de défauts qu'il est trop facile de les détester. Bref, pas convaincant.

Les personnages secondaires sont laissés en arrière et certains ne sont même pas présents, c'est vraiment dommage. La fin est trop facile mais j'espère que l'auteure va approfondir. L'épilogue est guimauve, trop guimauve.


En bref, il y a une intrigue et un univers intéressants mais une héroïne qui ne s'étoffe pas, de nouveaux personnages ridicules et des anciens qui restent trop dans l'ombre.




Publié le 20 septembre 2012

lundi 6 octobre 2014

La couleur pourpre, Alice Walker


Abusée, engrossée deux fois par son beau-père, le cauchemar de Celie, quatorze ans, ne fait que commencer. Elle est vite mariée à Albert, qui cherche une domestique plus qu’une épouse… Dans ce ménage improbable, le mépris du mari va de pair avec les coups. Nettie, sa jeune sœur qui s’est installée avec eux, est chassée par Albert pour avoir refusé ses avances et réussit à partir pour l’Afrique. 
Ne sachant pas où joindre sa sœur, Celie commence pourtant une correspondance avec celle-ci, et adresse ses lettres à ce « cher bon Dieu ». Même sans retour de courrier, c’est la seule solution que trouve Célie pour ne pas sombrer dans la folie. Elle se raconte, sans misérabilisme, décrivant le cauchemar de la violence et de l’isolement mais aussi l’espoir qui naîtra de sa rencontre avec la sensuelle Shug Avery, auprès de qui Celie apprivoisera son corps, apprendra l’estime de soi et connaîtra l’amour.



Mon avis :

C’est d’abord avec le film que j’ai découvert l’histoire de Célie Et Nettie. Et si vous ne l’avez pas vu, je vous le conseille car Whoopi Goldberg est tout simplement excellente dans le rôle de Célie (les autres acteurs sont très bons aussi) et l’histoire est très belle.


C’est un roman épistolaire avec une particularité : Célie adresse ses lettres à Dieu. Ce n’est qu’après un long moment que ses lettres sont écrites à sa sœur, Nettie. Je vais parler tout de suite de celle-ci, elle disparaît très tôt de la vie de Célie et on ne découvre ce qui lui est arrivé que plus tard et en un seul tenant ou presque. Elle a beaucoup à raconter et je ne vais pas vous gâcher la surprise en vous en révélant trop mais c’est riche en événements et en questionnements, notamment sur la modernisation de l’Afrique et la place des femmes dans la société. Nettie est distante, géographiquement et temporellement de Célie, personnage principal, donc je me suis moins attachée à elle. A travers son récit, c’est un peuple et un pays qu’on découvre, ce sont des transformations qu’on vit et qu’on ne peut empêcher et des personnalités qui se construisent. C’est aussi une très belle et intéressante histoire mais dans laquelle on s’implique moins.


C’est dans l’histoire de Célie qu’on s’implique et ce, dès le début. C’est une femme soumise, d’abord à son père puis à son mari qu’elle appelle juste « monsieur ». Grace à des rencontres, et notamment sa rencontre avec Shug, la maîtresse de Monsieur, elle va évoluer. Et c’est cette évolution qu’on suit dans le roman. C’est sous-jacent, progressif, et les effets des influences se font ressentir petit à petit jusqu’au coup d’éclat de Célie qui les surprend tous (et qui m’a procuré une vraie joie car je me suis vraiment attachée à elle et j’attendais qu’elle se révèle). Cela se voit aussi dans sa façon d’écrire qui passe de très limite à un style plus travaillé. Célie est une femme exceptionnelle dont la vie a provoqué de nombreuses émotions chez moi : avec elle, j’ai ri et j’ai pleuré. Mais ceux qui l’entourent sont aussi de sacrés personnages. Il y a Shug, qui va aider Célie à sortir de sa coquille, indépendante et provocante ; Monsieur, mari violent mais aussi capable d’aimer ; Harpo, fils de Monsieur, homme amoureux plus dominé que dominant ; Sophia, femme de Harpo mais surtout femme de caractère. Après Célie, c’est elle qui m’a le plus touchée, il lui arrive des choses horribles et humiliantes mais elle s’en relève, je l’ai adorée.


Ce roman parle de femmes fortes qui parfois s’ignorent mais qui sont capables de réussir quand elles croient en elles. Ce sont des femmes admirables et touchantes, et c’est un roman magnifique.