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mercredi 22 juillet 2015

L'histoire de France selon Facebook, Baptiste Thiébaud


S’appuyant sur une chronologie réelle, l’auteur détourne les épisodes les plus connus de notre histoire nationale. Le fil d’actualités court ainsi de l’arrivée des premiers hommes sur le territoire aujourd’hui français jusqu’à la création de Facebook en 2004. Le livre convoque personnages historiques et contemporains pour mieux jouer avec nos références, celles qui subsistent de nos apprentissages scolaires, et les codes de ce fameux réseau social.

Homo Sapiens vient de liker le mur de Lascaux. Valérie Damidot trouve que ça manque de rayures. Et vous ?



Mon avis :

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio pour la découverte de ce livre qui m’intriguait énormément ! Mais je suis désolée de dire que je ne l'ai pas du tout apprécié... 


Je m'attendais à ce que ce livre soit bourré d'humour et accessible aux simples amateurs de l'histoire de France mais ce n'est pas le cas. 
Certaines références sont assez pointues pour qui ne s'intéresse qu'en surface aux événements, par exemple : si on connaît tous Louis XVI, le nom de Maurepas évoque surement moins de choses... De plus, quand on ne connaît pas l'histoire dans sa globalité, il est difficile de suivre les événements et les liens qui les unissent.

Et en ce qui concerne l'humour, ça n'a pas fonctionné avec moi (certains commentaires* m'ont fait sourire mais aucune franche rigolade) car les situations cocasses ne sont pas exploitées ; soit parce que l'auteur n'a pas fait d'anachronismes (mais j'y reviens dans la suite de la chronique), soit parce que les commentaires n'ont pas plus d'une réponse. Par exemple, quand Mme de Maintenon affiche son mariage secret avec Louis XIV, celui ci répond "WTF ? Qu'est ce que tu n'as pas compris dans l'expression "mariage secret" ?! On va avoir des problèmes.", il n'y a aucune autre réaction. Donc la situation qui aurait pu être amusante, avec des réponses de Mme de Maintenon ou de Madame de Montespan (la première était gouvernante des enfants de la seconde tout de même), n'inspire ni rire ni même de l'intérêt. Ce n'est pas le seul événement qui est survolé comme ça et c'est bien dommage ! Je comprends qu'on ne peut pas tout raconter dans un livre aussi peu épais, mais dans ce cas il fallait faire le choix de ne développer que certains faits et pas d'autres : on nous mentionne la pascaline mais on ne fait que deux statuts sur Louis XV ?! Dans ce cas, autant ne parler ni de l'un ni de l'autre et développer la Révolution française.


En ce qui concerne les anachronismes, vous pourriez me dire que c'est bien s'il n'en fait pas et vous n'auriez pas vraiment tort. Sauf que quand Philippe IV organise une réunion des états généraux et que Louis XVI lui répond "C'est vraiment une idée de merde.", on perd tout le comique de la situation car personne ne lui répond (forcément, Philippe IV est mort depuis 400 ans). On aurait pu passer outre le respect du temps pour imaginer quelles seraient les réactions de certaines personnalités historiques aujourd'hui par exemple. Vous imaginez la réaction de Louis XIV en voyant la France dans laquelle nous vivons ? Ça pourrait être vraiment très intéressant mais l'auteur s'est limité à ce qui était temporellement possible...


Toutefois tout n'est pas négatif. Les fonctionnalités de Facebook sont bien utilisées et j'ai bien aimé l'idée de Robespierre jouant à "Grande Terreur Saga". Par contre, si je ne me trompe pas, le principe du hashtag qui est utilisé dans le livre vient à l'origine de Twitter et n'a donc pas trop sa place ici mais c'est un détail. L'histoire de France est respectée et on couvre toutes les périodes de la préhistoire à nos jours et l'importance donnée à certains événements plutôt qu'à d'autres est une question subjective donc je ne me prononcerai pas là dessus (moi qui adore la période napoléonienne, je comprends bien qu'on en parle peu vu sa courte durée).


Le problème de ce livre, selon moi, est qu'il n'assume pas son but jusqu'au bout. Si le but est de faire un ouvrage pour connaisseur, il n'est pas assez complet. Si le but est de faire un ouvrage drôle, il ne s'autorise pas assez de libertés. Vous comprendrez peut être mieux ce que je veux dire avec un exemple : Facebook du Seigneur des Anneaux où Aragorn compare le Palantir à chatroulette et en discute avec Sauron. Bref, je suis déçue parce que je m'attendais à franchement m'amuser avec ce livre et que je me suis royalement ennuyée !




*Philippe IV à propos de l'éxécution de Jacques de Molay : "Il suffira d'une étincelle." Johnny Hallyday aime ça.
*Sylvain Deparis à propos de la construction de la Tour Eiffel : "C'est quoi ce phallus géant ? On dirait un plug anal."

samedi 4 juillet 2015

Une rose au paradis, Barjavel


Une gigantesque manifestation réunit, place de la Concorde, des milliers de femmes enceintes venues dénoncer les effets de la bombe U. Mais il est déjà trop tard... Le cataclysme se déclenche. La planète Terre est réduite à néant. Cependant, Lucie, l'une des manifestantes, échappe mystérieusement à la déflagration.

Seize ans plus tard... Lucie vit avec son mari et ses enfants dans un univers étrange où le temps n'existe plus, où il suffit d'appuyer sur un bouton pour obtenir vêtements et nourriture. Que s'est-il passé? Pourquoi ont-ils échappé au cataclysme? Qui est l'énigmatique Monsieur Gé que les enfants assimilent confusément à un Dieu?



Mon avis :

C’est grâce à Meli que j’ai découvert Barjavel et je lui dis un grand merci car cette première lecture fut un vrai plaisir ! Si vous voulez en savoir plus sur l’auteur, je vous invite à consulter l'article qu'elle lui a consacré.


Barjavel a une plume que j’adore, avec des moments plein de poésie, jamais d’ennui et un style simple sans être simpliste. J’ai particulièrement aimé les scènes intimes qui sont vraiment très belles. Tout s’enchaîne naturellement, il n’y a aucun temps mort ni aucun raccourci qui viendrait perturber le rythme du récit.


Le roman commence dans l’arche mais on fait vite un saut en arrière pour découvrir la rencontre entre Henri et Lucie, puis la grossesse de celle-ci et enfin les explications de M. Gé sur ce qui va se passer. Ensuite, on repart dans l’arche, 16 ans après la naissance des jumeaux Jim et Jif.

Lucie est certainement le personnage le plus marquant, elle est décidée et n’hésite pas à prendre les choses en main (quitte à provoquer des catastrophes). Henri est beaucoup plus effacé, peut-être un peu trop. Jim et Jif sont l’innocence et l’insouciance même. Leur relation n’est jamais vraiment présentée comme celle d’un frère et d’une sœur donc leur intimité ne m’a pas choquée. De plus, c’est raconté de telle manière que j’ai trouvé ça presque naturel (ça ferait presque réfléchir aux frontières entre les différents types d’amour. Je me souviens de la phrase de mon prof de philo « comment peut-on utiliser le même mot pour dire qu’on aime sa femme et qu’on aime les pâtes ? » Je me la pose encore ^^). M. Gé est et reste un mystère.


Le récit aborde des sujets assez « graves » comme le nucléaire (et personnellement, je ne serai pas étonnée qu’on arrive à la situation évoquée par l’auteur un jour), l’inceste, la jalousie, l’avortement, le meurtre, etc. mais c’est fait avec légèreté. On peut donc passer dessus sans problème ou s’y arrêter pour y réfléchir. Et l’auteur ne juge pas, on peut penser ce qu’on veut de ce qui se passe dans l’arche. Par exemple, le meurtre était nécessaire et provoqué par des intentions compréhensibles. Mais ça reste un meurtre… Les réactions dans l’arche ne vont pas manquer mais elles sont cohérentes avec le caractère des personnages et pas un moyen de donner des leçons.

C’est aussi un roman assez drôle, il y a la curiosité de Jim qui n’arrive pas à avoir de réponse (Lucie essaye de lui expliquer mais à chaque nouveau terme, il faut l’expliquer car dans l’arche, tout est artificiel) et Marguerite avec ses réactions excessives.


C’est un roman très bien écrit mélangeant légèreté et sujets graves avec talent. Il est juste dommage qu’on ne soit pas pris dans l’histoire et qu’on en reste spectateur car c’est ce qui fait que ce n’est pas un coup de cœur.




Publié le 29 août 2012

vendredi 3 juillet 2015

La grammaire est une chanson douce, Erik Orsenna


Jeanne, la narratrice, pourrait être la petite soeur d'Alice, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés. Avec son frère aîné, Thomas, elle voyage beaucoup. Un jour leur bateau fait naufrage et, seuls rescapés, ils échouent miraculeusement sur une île inconnue. Mais la tempête les avait tant secoués qu'elle les avait vidés de leurs mots, privés de parole. Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils découvriront un territoire magique où les mots mènent leur vie : ils se déguisent, se maquillent, se marient.



Mon avis :

Il est assez difficile pour moi de faire une chronique de ce livre car j'ai eu à faire un commentaire sur un extrait. Et j'ai maintenant du mal à le voir de ma manière habituelle mais je vais quand même essayer de vous faire part de mon ressenti.


Je l'avoue, j'ai trouvé les personnages peu attachants mais c'est sûrement parce que je n'ai plus l'âge du public visé. En effet, c'est aux enfants que l'auteur destine ce livre, pour leur donner envie d'aimer la grammaire. Et ça marche ! Pour moi en tout cas. Franchement, la grammaire devient amusante quand on lit ce livre. Je préfère ne pas vous raconter mais ça vaut vraiment le détour, c'est une manière ludique d'aborder des choses habituellement vues comme ennuyeuses. Je peux quand même vous dire qu'on passe par le marché des mots, la ville aux mots et l’hôpital aux mots pour rencontrer "Je t'aime" ;)


C'est surtout M. Henri qui transmet le message de l'auteur et c'est un personnage bien sympathique. Mais pour moi, ce sont les mots qui sont les vrais héros de cette histoire et l'auteur les mets en scène d'une façon très amusante. L'image d'une grammaire difficile et ennuyeuse s'éloigne vite pour être remplacée par une impression de joie que peuvent donner les mots.


C'est un vrai coup de coeur et je crois que je vais y piocher des idées pour jouer avec les mots :) 




Publié le 10 avril 2013