Un silence consterné, quelques apartés, des ordres donnés, des seigneurs
qui se déguisent en domestiques, et ces voitures au galop sur les
chemins. Il n’y avait pas de lune en cette nuit du 16 juillet 1789, et
lorsque je me suis retournée sur Versailles, le château, caché par la
forêt encore plus sombre que le ciel, avait disparu… Je voudrais
raconter cette désertion.
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Mon avis :
De la révolution je ne connaissais que la
vision populaire et ce roman nous montre ce qui s’est passé de l’autre
côté, à Versailles. L’aspect original, qui m’a beaucoup plus, est que
c’est une lectrice de la reine, Mme Laborde, qui nous raconte cette
histoire et malgré sa proximité avec la reine, elle n’existe pas
vraiment à ses yeux, ce qui en fait une spectatrice capable de raconter
les évènements sans les vivre réellement.
D’emblée la présentation du château contrarie l’image que j’en avais : c’est un lieu sale et puant, et pourtant on y vit avec plaisir et tout le monde envie cette chance. J’ai visité Versailles et on a du mal à se l’imaginer comme ça. C’est un monde totalement à part et pour la narratrice, au delà il n’y a rien. Malgré ce qui se passe à Paris, on aura le temps de découvrir certains endroits de Versailles comme le Petit Trianon ou la ménagerie.
La révolution se devine plus qu’elle ne
se vit, on comprend à travers les réactions que quelque chose de grave
se passe. Pas de batailles, pas de sang, simplement une femme qui voit
son monde s’écrouler. Et c’est ce qu’elle nous raconte. J’ai beaucoup
aimé avoir cette vision là de 1789, ce grand départ de Versailles, cet
abandon de tout, cette peur qui grandit peu à peu. J’ai été choqué du
peu de considération des parents envers leurs enfants et des méfaits de
certains, c’est un aspect assez noir mais qui apporte plus de force et
de réalité à l’évènement.
J’ai été très touchée par la façon dont
sont décrits Louis XVI et Marie-Antoinette. Je me suis même demandé ce
qu’ils faisaient là, lui qui n’aimait pas le pouvoir, elle qui se sent
une étrangère. La narratrice a une adoration pour la reine qui contraste
totalement avec la vision du peuple (c’est ce qui apparaît quand elle
surprend une discussion entre deux gardes). Voir Marie-Antoinette être
abandonnée par tous ceux qu’elle croyait être des amis fait vraiment de
la peine, de même que sa résignation alors qu’elle voulait fuir elle
aussi. Et je ne peux pas m’empêcher de penser que ceux qui sont restés
sont ceux qui avaient le moins leur place là…
Mme Laborde finira elle aussi par quitter
Versailles et vu son attachement à Marie Antoinette, sa vie sera comme
arrêtée à ce moment là. Si j’ai adoré la visite de Versailles et la
fuite de ses occupants, je me suis ennuyée dans les passages racontant
le présent. Les pensées de Mme Laborde sont parfois difficiles à suivre,
et ajoutées au manque d’action de ces passages, c’était franchement pas
intéressant. Le cercle d’amis ne voulant plus parler de la reine, le
temps passé chez un ami, les réflexions personnelles, etc, tout ça n’a
rien déclenché chez moi sinon une envie de lire plus pour pouvoir
retourner à Versailles.
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