Vingt années après Orgueil et Préjugés, nous faisons la connaissance
des cinq filles d’Elizabeth et Darcy. Alors que leurs parents sont en
voyage à Constantinople, les demoiselles viennent passer quelques mois à
Londres chez leur oncle Fitzwilliam. La découverte de la vie citadine,
des plaisirs et des disgrâces qu’elle offre, associée au caractère fort
différent de ces jeunes personnes, va mener à des aventures – et des
amours – inattendues, dans un cadre particulièrement mondain, où de
nombreux individus se côtoient. On retrouve avec plaisir certains
personnages créés par Jane Austen.
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Mon avis :
En premier lieu le point positif
(oui il n’y en a qu’un…). Ça se lit très bien et on en a envie de
connaître le dénouement, c’est vraiment le gros point positif de ce
roman et si il ne faisait pas référence à Orgueil et préjugés, roman que j’adore d’une auteur que j’adore, certains points négatifs ne seraient même pas mentionnés.
Je vais commencer par les remarques qui ne font pas référence à Orgueil et préjugés.
Tout d’abord j’ai été très déçue par le caractère des filles Darcy,
tout n’est que superficiel. Par exemple, le regard que Camilla porte sur
le monde aurait pu être un délice mais finalement, j’ai eu l’impression
de tout voir à travers une caméra et pas à travers une personne. Les
liens entre les sœurs sont quasi inexistants et vu que l’histoire se
centre sur Camilla, c’est très gênant pour s’attacher aux sœurs. Les
hommes n’ont aucun charisme, ce qui est vraiment dommage car ils ont des
caractères assez différents. J’ai eu du mal aussi avec les relations
que nouent Camilla, je n’ai pas compris comment on pouvait parler
d’amitié et d’intimité pour les quelques scènes passées à discuter,
voire moins.
J’en viens à la façon dont l’auteure
traite les événements, tout va beaucoup trop vite. A chaque scandale (et
mon dieu, qu’est ce qu’il y en a), il est réglé beaucoup trop vite. Il
en va de même pour les sentiments de Camilla, tout à coup POUFF elle
réalise qu’elle est amoureuse, et ça deux fois. Ca n’a aucun naturel et
ça n’est pas du tout convainquant. Idem quand Camilla revient de Paris,
elle a vu trois rues et une auberge et ça y est elle est toute changée.
Les conventions à respecter en société sont aussi peu crédibles, on
dirait que l’auteure devait les caser mais que ça la dérangeait : elles
sont souvent rappelées, jamais respectées et les personnages ne nous
intègrent pas à l’univers. Les scènes qui ont pour centre les autres
personnages que Camilla gâchent tout le suspens et le mystère de
l’entourage des filles Darcy. Je passe sur les romances réglées un
paragraphe…
L’auteure aborde le thème de
l’homosexualité en peu de temps et sans vraiment y accorder l’attention
que ça méritait. Si elle voulait en parler, autant qu’elle le fasse
correctement.
La façon dont l’auteure a écrit me
dérange sur un point en particulier : le langage. Comment peut-on mettre
« incommodée » et « carrément » dans un même livre ? Le mieux est
sûrement les jumelles qui mentionnent qu’on regarde leurs seins ou
Camilla qui dit que sa sœur a déjà dû coucher.
J’en viens maintenant aux comparaisons
avec Jane Austen (et j’ai dû me retenir pour ne pas en parler avant). Je
ne m’attendais pas à trouver que ce roman est à l’égal d’Orgueil et
préjugés mais je suis quand même clairement déçue. Les « clins d’œil »
sont gros comme des maisons et franchement mal exploités (par exemple la
fugue d’une fille qui risque de jeter le déshonneur sur la famille,
mais on n’a pas l’impression que ce soit vraiment un scandale tant les
réactions sont peu convaincantes). Les filles de Darcy ressemblent aux
filles Bennet, sans la profondeur dans leur caractère. Elles ne sont
déjà pas convaincantes alors si en plus elles donnent l’impression
d’être une version fade de leurs ainées, ça ne peut pas fonctionner… Je
n’ai pas retrouvé cette « naïveté » et ce regard « amusant » que les
héroïnes de Jane Austen possèdent. Par naïveté, j’entends vis-à-vis des
plaisirs charnels. J’ai trouvé vraiment gênantes les allusions au sexe
dans un roman comme celui là, ça faisait vulgaire et déplacé. Les
discussions à propos des héritiers m’ont semblé déplacés également, que
l’époque ait changé et que les jeunes filles rêvent d’un mariage d’amour
plutôt que d’un mariage arrangé d’accord, mais dans ce cas pourquoi
faire comme si le rôle d’une femme se limitait à donner un fils à son
mari.
Bon vous me direz que ce n’est pas un
roman de Jane Austen. C’est vrai, mais certains personnages de l’auteure
apparaissent dans ce roman et j’ai quelque chose à en dire. Tout
d’abord Lydia, c’est peut être la seule qui reste en accord avec
l’ancienne Lydia, les années ayant pu changer son bavardage incessant en
propos blessant lancés avec précision. Lady Warren (Caroline Bingley)
n’a plus rien de sa classe. Fitzwilliam est un imbécile, comment
imaginer qu’il accepte le mariage d’une fille Darcy sans en discuter,
qu’il s’emporte pour rien et s’indigne contre la personnalité des filles
alors qu’il semblait apprécier Lizzie. Les quelques propos de Darcy
dans des lettres ne rendent pas compte de la hauteur du personnage.
D’ailleurs quand l’auteure dit qu’Alethea est une vraie Darcy, j’ai
rigolé : elle a certes le cynisme (et encore on peut appeler ça de la
franchise) mais aucune tenue. Les Gardiner sont les plus décevants, je
n’ai rien retrouvé de la sensibilité et de l’esprit de Mrs Gardiner et
le pire c’est quand le couple refuse de revoir les filles Darcy pour de
simples rumeurs infondées. Une autre chose m’a choquée : comment Lizzie
et Darcy ont pu éduquer leurs filles comme ça ?! Elles sont mal
élevées et pour certaines totalement idiotes (valable pour Letitia et
son pessimisme). Et comment imaginer que, connaissant les dangers des
hommes pour les jeunes femmes frivoles et venant de la campagne, ils
aient pu envoyer leurs gamines incontrôlables à Londres ? Pas vraiment
convainquant là encore.
En bref, si ça avait été une romance de
notre époque, ce roman aurait été très agréable. Malheureusement,
l’auteure s’est imposé un cadre qui semble la forcer à sortir de son
style, et cela rend l’ensemble peu convainquant. Le langage, les
allusions au sexe et le manque de profondeur des personnages ne sont pas
adaptés à cette époque et au roman de Jane Austen, et j’ai eu
l’impression que les personnages et leur univers ne s’accordaient pas.
C’est ma première rencontre avec Milady
Romance et la collection Pemberley. Cette collection m’intéresse pour
l’aspect historique et je n’ai pas été conquise par ce roman. La romance
historique, ça me fait rêver et là, rien. Mais vraiment rien du tout.
Et cet aspect là est une déception de plus.
Publié le 24 mai 2012
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