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dimanche 20 septembre 2015

Meurtres en majuscules, Sophie Hannah


Hercule Poirot a décidé de mettre au repos ses petites cellules grises en surchauffe. Il se réfugie incognito dans une pension londonienne, où il fait la connaissance de l'inspecteur Catchpool.

Un soir, trois meurtres sont commis dans trois chambres à trois étages différents au Bloxham, un hôtel luxueux de Londres. On retrouve un bouton de manchette en or, gravé des initiales PIJ, dans la bouche de chacune des victimes. L'énigme est trop tentante ! Poirot n'y résiste pas et offre ses services à l'inspecteur Catchpool. Pour démêler les fils de l'intrigue, il va falloir à Poirot toute son habileté, et à Catchpool beaucoup de patience...



Mon avis :

En commençant ce roman, j’étais prête à ne pas lui faire subir de comparaison avec les intrigues d’Agatha Christie. Du moins c’est ce que je croyais car finalement je n’ai pas pu m’empêcher de le faire. L’intrigue ici n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas aussi complexe que chez Agatha Christie où les événements anodins prennent autant d’importance que ce qui semble primordial et où tout s'entremêle. On a dans ce roman quelque chose de beaucoup trop linéaire : quand un détail pose interrogation, la réponse est apportée presque immédiatement et on passe au problème suivant.

En soi, ça ne me dérange pas. Mais quand Hercule Poirot est sur l’affaire, ça devient gênant car son talent à lui, c’est de noter les plus infimes détails et de collecter toutes les pièces du puzzle dans un environnement restreint mais dans lequel tout est lié. Pour, ensuite, grâce à un détail en particulier, les assembler et apporter la solution. Poirot n’est donc pas à sa place dans cette affaire qui implique trop de monde (il est question de plus de 100 personnes dès le début) et où tout se résout au fur et à mesure.

Mais, indépendamment du fait que Poirot n'est pas à sa place, certaines choses m’ont gênée. Par exemple, il y a des manœuvres qui sont inutiles : pourquoi faire déplacer un personnage pour apprendre des choses quand un autre, resté à Londres, les apprend également ; ça fait doublon dans l’enquête et à la deuxième fois l’information n’est en rien d’intéressante. Et je n’aime pas non plus cette manie de faire revenir les témoins plusieurs fois pour apporter un éclairage tardif sur un élément alors qu’ils auraient pu le faire dès le départ. Ça arrive presque avec chaque témoin alors qu’il n’y a pas de vraie raison pour qu’ils taisent les choses la première fois qu’ils en parlent. On dirait une manière assez grossière de créer des rebondissements pour faire durer le suspense et je n’apprécie pas le procédé. Je n’ai pas aimé non plus les explications apportées au meurtre, je les ai trouvées abracadabrantes et ça ne m’a pas du tout convaincue. En plus ça prend beaucoup trop de temps : la scène finale traîne en longueur et la solution à l’énigme est donnée sur plusieurs chapitres.


Ce que j’apprécie le plus chez Agatha Christie et que je trouve rarement dans d’autres romans policiers, c’est que je n’ai pas la sensation d’être emmenée sur une fausse piste : c’est mon interprétation des indices qui fait que je pars dans la mauvaise direction mais je ne me sens pas forcée par l’auteure. Ça tient en partie au fait que, chez Agatha Christie, le nombre de personnage est restreint et tout le monde est suspect, et jusqu’au dernier moment on peut s’accrocher à sa propre théorie sur l’identité du coupable. Dans ce roman, on est plus dans une enquête qui nous mène quelque part sans qu’il y ait une place pour notre propre opinion. Certaines personnes sont écartées d’emblée et on découvre les suspects tout au long de l’intrigue. Encore une fois, ça ne me dérange pas sur le principe, mais ça ne correspond pas à ce que Poirot sait faire et aussi à ce que je préfère lire.


De plus, si je me pensais capable de passer outre une intrigue différente, je savais que je ne supporterais pas un non respect de la personnalité de Poirot. Et malheureusement, je ne suis pas satisfaite par cet aspect… Déjà parce qu’on nous explique sans arrêt le caractère de Poirot et que ça devient très lourd : Poirot n’a pas besoin qu’on explique qu’il est méticuleux, ça se voit dans ses gestes et dans les questions qu’il pose, on n’a pas besoin de dire qu’il est suffisant, il le montre par son attitude. Poirot est Poirot, il n’est pas nécessaire d’expliquer en quoi il l’est. Ensuite parce qu’il explique tout son raisonnement au fur et à mesure alors que d’habitude, il ne fait que lâcher une petite phrase ou poser une question qui a priori n’a aucune importance. Là, il mâche le travail au lecteur. 

Ce qui m’a dérangée également, c’est que Catchpool, qui est le narrateur, a un regard omniscient sur ce que fait Poirot. Il ne se contente pas de rapporter ce qu’il a fait, il détaille aussi ses paroles et ses pensées comme si il y était. Je trouve que cela rend l’ensemble assez confus dans le point de vue sur l’affaire et ça m’a gênée dans ma lecture. 
Et puisque je parle de Catchpool : cet homme n’a aucun charisme ! J’ai toujours beaucoup aimé l'inspecteur Japp, le capitaine Hastings et Miss Lemon qui, même s’ils ont des rôles de faire-valoir, ont une vraie personnalité. Ce nouvel inspecteur est bien fade et son histoire personnelle ne m’a pas du tout intéressée. 


Je suis donc assez déçue de cette lecture. La plume de l’auteure n’est pas mauvaise, même si certains mots n’ont pas leur place à cette époque (comme "vacherie"), et l’intrigue n’est pas à jeter non plus. Mais quand on mêle Hercule Poirot à l’enquête, il faut que tout soit à la hauteur du personnage et ce n’est pas le cas ici. Les enquêtes du célèbre détective sont nombreuses, il n’était pas nécessaire d’en écrire une nouvelle, surtout si celle-ci n’apporte rien et encore moins si elle écorne l’image de ce personnage mythique. 



1 commentaire:

  1. Ce roman m'intriguait mais je n'ai plus vraiment envie de le lire du coup. Je trouve ton analyse super intéressante quand tu dis que ce que tu aimes chez A. Christie c'est que tu ne te sens pas forcée par elle de croire à une fausse piste. Je suis tout à fait d'accord ! Bien souvent chez certains auteurs, on nous "oblige" à aller sur de fausses pistes et on ne peut pas vraiment se faire sa propre idée. Bref, Agatha Christie c'est Agatha Christie quoi ! :)

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